Les graciées de Kiran Millwood Hargrave

Dépaysée. À la dérive en 1617, vers le Spielberg, sur une petite île, VardØ, en Norvège. Il était une fois il y a bien longtemps quarante pêcheurs tous morts dans une tempête. Il était une fois leurs femmes, obligées de se débrouiller entre elles pour survivre, dans un monde hostile, qu’elles partagent avec les Samis, des inuits aux rites mal perçus par l’église. Il étaient une fois des femmes qui apprennent à être indépendantes.

Trois ans plus tard, un chasseur de sorcières est envoyé par le roi pour mettre de l’ordre dans la communauté. Celles qui ne rentrent pas dans le rang  seront brûlées vives. La solidarité des habitantes s’effrite face aux rivalités, aux jalousies, aux croyances. Pour l’émissaire du roi, Absalom, l’île est la proie du démon et les Samis sont ses serviteurs.

Ursa, la jeune épouse terrifiée de ce fanatique, devient amie avec Maren, une des villageoises, et tout va basculer. Dans une société où les femmes doivent plier face à l’autorité des hommes, où la liberté signifie qu’on est l’objet du démon, où les jalousies s’exacerbent, où les amitiés entre femmes ne peuvent pas exister aux yeux des hommes, toute femme différente est une sorcière.

Tiré de faits réels, voici un premier roman dans lequel il faut se plonger, dépasser les 50 premières pages et se laisser emporter par la magie des émotions.

La dame est plus petite que Maren, plus ronde également, le manteau trop rigide tombe mal sur elle, ses bras restent droits, le tissu tire dans le dos. À cet instant, même si cette dame a le corps d’une femme et que la coupe de sa robe mette en valeur ses formes, le désarroi qui se lit dans ses yeux pâles lui donne l’air d’une petite fille. Mais à présent que Maren a terminé de lui fermer ses boutons, la nouvelle venue peut enfin descendre du bateau, ses jupons maintenus par le manteau.

« Merci », répète-t-elle.

Son souffle chaud touche la joue de Maren. Il y a dedans quelque chose de doux, de tellement surprenant que Maren sent ses lèvres fourmiller.

400p. Robert Laffont

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