Chacun a ses lubies d’écriture. J’écris le matin. Grâce à mon pouvoir de concentration, peu importe le lieu : chez moi dans mon lit (comme Proust, si, si, j’ose… Je le dis avec déférence pour ce génie), à mon bureau porte fermée, dans le métro, dans un café, quand ils sont ouverts, dans un jardin… Et voilà, le premier jet s’étale sur deux, trois cahiers. Si possible des cahiers à lignes provenant de tous les pays où je suis allée, et, si possible, j’écris avec un stylo-plume à la plume qui file, sans obstacle. Voilà, il est là, c’est en quelque sorte le squelette étoffé de matière du roman. J’attends un jour, une semaine et je mets le nez dedans. Je relis, raye, j note des inversions, souligne des répétitions, mais de manière légère. Je lis pour savoir si cela tient la route, si ce n’est pas absurde, si je ne me suis pas laissé entrainer ailleurs, s’il n’y a pas des morceaux qui n’ont rien à voir dans cette histoire. Je pourrais vous dire que je laisse reposer, mais ce n’est pas vrai. Le roman, même s’il est dans une forme clairement inachevée, est là, devant moi et même si je n’ouvre pas le cahier, il trotte dans ma tête jour et nuit, quand je vois des gens, j’en parle et cela m’aide à clarifier des points, mes intentions. Cela végète, cela bout, cela explose et tout à coup en plein milieu d’une conversation, je note une idée, un personnage à amplifier, des propos à retirer… Continuons le combat !
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